Un certain racisme ordinaire

Publié le par Le démon du Canal

Lorsqu'on me demande ce que je suis, l'un des premiers mots qui me vient à l'esprit est : métis. Je vous dit ça car j'ai eu la chance avec cette identité, de fréquenter plusieurs milieux très différents. Il existe une dualité fondamentale dans notre société comsummériste. D'une part une peur primale de l'inconnu et de la différence, et par ailleurs une irrépressible curiosité de ce même inconnu.

Jusque là, une certaine France est persuadée de la justesse (sans parler de justice !) de son raisonnement, confortée en cela par un élan sécuritaire tant politique que médiatique. On nous inculque jusqu'au culte un sentiment de supériorité, on nous veut ignorant du concept de race, on nous rappelle enfin notre passé colonialiste, on nous barricade contre l'étranger... Que de dichotomies en un seul discours déjà !

L'étranger. Ce seul mot me semble bien dénué de son signifiant. Qui n'a pas une idée, parfois même assez précise, de ce qu'est un étranger ? Qui n'en connait pas ? Que reste-t-il d'étrange dans ce que l'on connaît, fréquente, côtoie tous les jours depuis longtemps ? Ne devrait-on pas changer « étranger » pour « voisin » plutôt ? Ce serait déjà un préjugé en moins...

Je connais dans mon entourage, et vous aussi, bien des racistes ordinaires. Des gens biens, qui agissent pour leur prochain au quotidien, prêts à aider et qui le font. Pourtant en creusant leur discours, bon nombre ont voté Front national ou se sentent proche de leurs idées concernant disons-le, l'immigration. Ils vont justifier leur vote, voire leur attachement au chef de l'État actuel par cette même aversion insensée pour "tous ces gens qui viennent chercher l'Eldorado dans notre beau pays démocratique alors qu'ils pourraient rester chez eux".

Je ne vais pas faire ici l'exposé des preuves de la manipulation quotidienne dont nous sommes victimes concernant les chiffres, les conditions et l'utilité de l'immigration en France métropolitaine, de toutes façons il n'y a pas pire aveugle que qui ne veut voir. Un bon tiers de la population française ne l'est que depuis moins de deux générations, et moi avec ma tête, je suis français depuis plus de cinq générations. Arrêtons de ne fonctionner qu'avec notre cerveau reptilien, cette noisette perdue au creux de notre belle nature humaine.

Nous sommes tous des métis.

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